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accueil a propos follow @dr_stephane liberté 8 commentaires publié par dr stéphane le 18 mai 2015 à 9:17 chacun sa façon de pratiquer la médecine. certains aiment le salariat, d’autres préfèrent le libéral. certains préfèrent l’hôpital public, d’autres le privé. moi, je préfère la liberté. non pas la liberté de gagner plus d’argent, de travailler plus que mon voisin ou de faire payer plus cher la consultation mais la liberté de faire ce que je considère être du bon travail. cette liberté, finalement, je l’ai trouvée en exerçant la médecine générale en cabinet. j’y ai d’abord goûté en tant que remplaçant, en travaillant à mon rythme, à ma façon, sans contrainte autre que celles que je m’imposais à moi-même. quand j’ai décidé de m’installer, je me suis libéré des dernières entraves qui me restaient, celles liées au fait de travailler dans les locaux de quelqu’un autre, avec d’autres habitudes que les miennes. cette liberté, c’est grâce à elle que j’exerce une médecine que je considère juste, une médecine basée sur les preuves, adaptée à chacun, le plus indépendamment possible des intérêts parfois contraires à la bonne santé de mes patients (intérêts des laboratoires pharmaceutiques ou des autres industriels de la santé, mais aussi ceux de l’assurance maladie ou des mutuelles) cette liberté, je sais qu’elle est fragile, et qu’il nous appartient d’en faire bon usage, de ne pas en abuser. alors bien sûr, elle a ses limites, elle ne doit pas permettre de faire n’importe quoi (certains confrères ne semblent pas avoir bien compris cela). elle doit me donner la possibilité de faire au mieux pour mes patients dans une société et un système pas toujours centrés sur la santé des personnes mais souvent, malheureusement, sur les profits générés. cette liberté, c’est mon indépendance, et elle est fondamentale pour la santé de mes patients. (et ma conscience) cette liberté c’est aussi choisir mon jour de repos, mes horaires, mes vacances, et le matériel avec lequel je travaille, avec peu de contraintes. je peux ainsi faire la médecine qui me plaît. finalement, c’est un luxe incroyable. et c’est grâce à tout cela que je suis et je reste heureux de faire de la médecine générale. ———- il faut nous battre pour que la médecine générale évolue en préservant, dans la mesure du possible, cette liberté même si elle est toute relative. car elle est nécessaire pour que tous les médecins généralistes restent heureux de travailler mais aussi et surtout pour soigner au mieux nos patients. – très carré 9 commentaires publié par dr stéphane le 30 août 2013 à 8:26 au début, j’ai adoré mon stage d’externe en psychiatrie. parce que c’était bien carré. avec des symptômes psychiatriques à retrouver (façon oeufs de pâques) des associations de symptômes qui formaient des syndromes. et pour finir, une classification bien carrée pour faire rentrer des syndromes bien carrés dans des cases bien carrées. (le dsm iv , ils appelaient ça) les observations étaient super structurées et complètes (très complètes) : mode vie, histoire familiale, situation familiale, fratrie, antécédents psychiatriques, biographie (par exemple « la jeune nadine m. est née un soir d’hiver 1963 « ) etc … les diagnostics étaient faciles à poser (car déjà connus pour la plupart, c’est toujours plus simple quand on sait quoi trouver) pour les traitements, pareil, facile, à chaque pathologie du dsm iv son remède. tout bien carré et tout, je vous dis. un bonheur pour un obsessionnel comme moi. je trouvais ça formidable. hum … a la réflexion, et avec le recul, je ne suis pas bien sûr que la psychiatrie se résume au dsm iv et à des traitements psychotropes. mais bon, c’est l’image que ce stage m’a laissé. bref, tout ça pour vous situer le contexte : un stage pour apprendre les symptômes et les pathologies psychiatriques comme dans les livres mais pas vraiment le stage où tu apprends à palper une thyroïde. en gros, c’était le pire endroit pour apprendre l’examen clinique. d’ailleurs, la plupart des chefs de clinique qui y travaillaient (ceux qui sont sensés apprendre des choses aux étudiants en médecine) n’avaient pas touché un stéthoscope ou un marteau à réflexes depuis des années. — c’est donc dans une logique toute administrative qu’un étudiant en médecine a été affecté dans le service de psychiatrie où j’étais externe pour son stage de « sémiologie » (stage pour les « pas encore externes » de dcem1 qui viennent d’apprendre les bases de l’examen clinique mais qui n’ont pas encore vraiment touché du malade, histoire de les mettre dans le bain). avec un chef désigné pour lui apprendre les bases de l’examen clinique, sur le terrain, sur un patient vivant et tout. (je parle de l’examen physique, pas de l’interrogatoire, ni de la sémiologie psychiatrique …) vous me voyez venir. le chef, devant cette situation un peu embarrassante, prenant son courage à deux mains, m’a demandé de faire son boulot de m’occuper du nouveau stagiaire et de l’entrainer à l’examen clinique sur « euh voyons … ah la dame là dans le couloir qui crie et qui saute sur une jambe toute la journée ». joie. cette dame (dont je ne m’étais jamais occupé, elle n’était pas « dans mes lits ») était là depuis plusieurs mois, sous traitement psychiatrique relativement lourd, enfin, juste histoire qu’elle ne crie pas trop fort dans le couloir, mais qu’elle ne tombe pas en sautant sur une jambe non plus. (enfin bref) je me revoie encore expliquer à ce gentil stagiaire l’examen neuro, les paires crâniennes, les réflexes, l’auscultation, la percussion, la palpation sur cette non moins gentille dame. « -il n’y a pas un problème là, au niveau de son abdomen ? qu’il me dit. -je vais regarder … ah oui, dis-donc, il y a une grosse masse là au milieu. » on a dû rester une bonne heure à examiner cette patiente. on a découvert une masse abdominale, probablement là depuis bien longtemps, très certainement bien avant qu’elle n’entre dans le service de psychiatrie … on a fait une superbe observation clinique, très détaillée. et on est allé voir le chef. il a changé de couleur, a pris son téléphone et a transféré la patiente dans le service de médecine tout proche. ça devait être un vendredi. le lundi suivant, le chef nous a accueilli, moi et le stagiaire, comme des héros. très content de nous, vraiment, on lui a « sauvé la mise sur ce coup là » qu’il nous a dit. j’ai alors lancé un timide « et comment va la patiente ? » il m’a répondu « elle est décédée ce we dans le service d’à côté, c’est formidable, elle n’est pas décédée chez nous. » (sous-entendu, ça ne va pas pourrir les statistiques du service) un stage très carré, je vous dis. l’horizon des événements 23 commentaires publié par dr stéphane le 26 novembre 2012 à 10:54 j’ai eu envie d’arrêter médecine, vraiment. passer mes journées à apprendre bêtement mes cours pour les recracher le plus fidèlement possible. penser « points à l’internat » plutôt que « utile pour ma future pratique » j’ai eu envie d’arrêter médecine, vraiment. cette médecine des hôpitaux, c’est là où nous sommes sensés tout apprendre, si souvent protocolisée à l’extrême, peu respectueuse des patients, infantilisante, écrasante, méprisante parfois. déshumanisée. je n’ai connu que ça jusqu’à l’internat. j’ai eu envie d’arrêter médecine, vraiment. d’abord externe, secrétaire de luxe passant mes matinées à ranger, classer, faire des trous dans des feuilles de résultats biologiques pour les mettre dans des classeurs. éplucher, le plus souvent seul, les dossiers des entrants. examiner encore seul les patients, leur poser des questions. voir ses chefs se battre pour devenir calife à la place du calife, lécher les botes de leurs supérieurs, y perdre leur âme parfois. avoir pour seule perspective d’avenir que de suivre ce modèle, à l’hôpital. j’ai eu envie d’arrêter médecine, vraiment. et en toile de fond, sournoisement, tout au long des études, cette idée nauséabonde qu’en dehors des spécialités, qu’en dehors de l’hôpital, on ne peut pas faire de la bonne médecine. j